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J’ai toujours aimé cette notion de fissure, de faille, d’avoir le cœur et l’être un peu fêlé… Puis j’ai découvert la fissure anale ;p

 

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Le texte de la chronique :

Tel que je vous parle, là, maintenant, je suis assis sur une fissure. Oui, j’ai une fissure anale qui me picote le cul depuis quelques mois déjà.

Alors je vous vois venir, avec vos imaginations prêtes à écrire des fan-fictions du genre « Pouhiou et la partouze de Chtuluh »… Non, je ne me suis pas fissuré le cul lors d’une partie de débauche à faire rougir la prod de kink.com.

En fait, cette petite douleur, mais je crois bien qu’elle provient d’une pointe de pop-corn mal digérée dans un caca trop dur. Le truc couillon qui peut arriver à tout le monde, et notamment à des personnes qui ont une sexualité pépère comme la mienne.

Sauf que ça fait six mois, que régulièrement, j’ai ma petite douleur qui revient. Oh c’est pas le poignard chauffé à blanc d’une pénétration mal préparée ni la brûlure lancinante d’une épilation de la vulve au caramel chaud.

Juste la petite douleur aiguë, gênante, qui me fait asseoir sur une fesse. Comme la coupure d’une enveloppe… mais que j’aurais voulu humecter avec l’anus.

Au départ j’ai pensé à des hémorroïdes. Ça je connais : on limite alcool, épices et viande pendant quelques jours, un peu de crème, et hop, tout ira mieux.

Alors j’ai tenté ça. Et la douleur partait, un peu, mais pas trop loin. Quelques jours plus tard, elle revenait frapper à la petite porte de derrière.

Pendant trois mois j’ai essayé de m’en occuper, un peu, sans aller au médecin. Tous les prétextes étaient bons, en fait. J’ai même été frappé du syndrome du garagiste : vous savez, quand la voiture fait un bruit bizarre, et que le jour où on se décide à l’emmener au garage, elle le fait plus. Plus rien, plus un bruit, et on a juste l’air d’un gros noob du moteur à soupapes.

Ben moi c’était pareil : chaque fois que je me disais qu’il faudrait que j’appelle le médecin, ma douleur partait quelques jours, assez pour que je ne me décide pas à me défroquer devant ma doctoresse, une cinquantenaire affable et attentive qui prend la carte bleue.

Aller chez le docteur pour un problème intime, ça fait peur. On a pas envie de leur montrer nos culs. Je veux bien qu’on m’enfonce une languette de bois jusqu’à la glotte pour me mater les amygdales, mais se faire tâter les burnes, l’anus ou même pour d’autres personnes la vulve, c’est une autre paire de caducée !

Et si je cherche bien, au fond, les raisons qui font que je voulais pas m’occuper de ma santé intime avec un médecin… ben c’est clair : je ne veux pas être faible du cul.

Je sais bien que je vais tomber malade, vieillir et mourir ; je connais la condition humaine de mes deux, mais s’il vous plaît : je veux pas qu’elle s’applique à mon sexe !

Ben oui, j’ai bien regardé les magasines, les pubs, la télé et le porno : je dois être performant ! Et rigolez pas, hein : vous aussi. Hors de question que vous preniez le temps de traiter une mycose vaginale ! Il vous est interdit de vous arrêter deux secondes pour voir si votre frein est trop serré et vous chauffe le gland.

Si l’on veut être de bons consommatrices du sexe bien dociles, on ne peut pas prendre le temps d’aller mal…

Et là je dis stop.
Je dis stop parce que de temps en temps, ça fait du bien d’aller mal.

Avoir une fissure, un phimosis, des verrues, des hémorroïdes, des mycoses, des sécheresses, des boutons et autres écoulements, c’est… bon OK, c’est chiant, mais… c’est aussi l’occasion de se rappeler que l’on n’a pas à être sexuellement actifves, que nos corps et nos culs ne sont pas ouverts 24h/24 même le dimanche.

Avoir un souci de santé, c’est une opportunité de plus de prendre soin de soi, de soigner certains des replis les plus intimes de nos êtres. Penser à aller voir le médecin, c’est dire au monde qu’il y a plus important que la routine métro-boulot-sodo-dodo et que là, pour une fois, on va se donner le droit de ne pas aller bien.

Oui, je veux que l’on milite pour que chacun et chacune s’autorise à aller mal ! Que lorsqu’un trouble arrive au cœur de nos corps, on se donne tous les moyens disponibles, que ce soit un joker, que cette nécessité fasse force de loi.

Je dépose un amendement au parlement de mon cortex, je pétitionne les sénatrices de mon thalamus pour qu’enfin le gouvernement de mon esprit m’accorde un droit essentiel : le droit à la fissure !

La prochaine fois que, lors d’un tournange de CulPouhiou, mon beau preneur de son mattera mon cul actuellement enduit de crème cicatrisante, je l’arrêterai en lui disant : stop ! Droit à la fissure !

Si je je fais les yeux doux à ma réalisatrice dans le but d’entamer des travaux pratiques sur son clitoris mais qu’elle a la vulve en jachère elle pourra me dire stop ! Droit à la fissure !

Et que vous soyez malades, déprimés, pensives, dérangés, à vif ou simplement fatigués, vous avez le droit de ne pas aller bien et de dire à vos prochains stop ! Droit à la fissure !

Parfois, pour prendre soin de nous, il faut commencer par s’autoriser à ne pas aller bien. Et étendre cette autorisation à ses autres…

OK : tu vas pas bien. T’as le droit, un droit essentiel, le droit à la fissure. Je ne te dirai rien, n’essaierai même pas de régler ton problème à ta place. Je resterai juste là pour te faire un câlin, en espérant que tu prennes soin de ton cul. Car ton cul, c’est du Pouhiou…

Crédits et Licences

Un épisode chaque vendredi sur deux à 18h. Pour ne pas en louper un, pense à t’abonner.

Une vidéo réalisée et montée par Marlène Tajan.

Son :  Victor Toulouse.

Musique de fond: Drops of H2O CC-BY J.Lang.

Musique générique : LAL Eugène Lawn avec la voix de Dusport.

Dessins : CC-0 Kaweii

Cette vidéo est placée dans le domaine public vivant grâce à la licence CC-0.
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