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Le retour de #CulPouhiou pour une saison 2 un poil moins binaire !

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Le texte de la chronique :

Vous êtes en train de regarder une chronique vidéo. Cette chronique est tournée dans les conditions du direct avec une, deux, trois caméras.

Tout ce que je vous raconte a été écrit. Oui, j’ai écrit et appris par cœur tout ce que je suis en train de dire là maintenant. Même cette phrase, elle a été écrite.

Le problème, quand j’écris mes bafouilles, c’est que je n’arrive pas à penser à tout, même si je fais attention. Mais on est sur Internet, où vous avez un rôle. Grâce à vos retours et commentaires, j’ai pu par exemple réaliser que la première saison de #CulPouhiou était Cis-centrée, voire cis-sexiste. Et c’est vrai, et on va y remédier maintenant.

Mais pour cela va falloir qu’on se donne quelques petites définitions, histoire de se sortir un peu de la binarité bite, chatte, homme femme, 1, 0… Ben oui : nos culs c’est pas des ordinateurs.

Par exemple quand on naît, les médecins vont regarder entre nos jambes. Si elles voient un tirliton à manche, c’est un garçon, s’ils voient une parpaillole souricette, c’est une fille.

Sauf que ça, c’est binaire. C’est nous assigner un genre à la naissance juste à partir d’un sexe, et encore même pas à partir d’un sexe, mais à partir d’organes externes.

Alors d’accord, notre sexe, c’est une question de biologie. Il y a les organes génitaux mais aussi les gonades, les chromosomes, les hormones… Et tous ces critères nous aident à déterminer si l’on est mâle, femelle, ou… entre les deux.

Eh oui : la nature a toujours fait dans la diversité. Il y a des personnes qui ont des organes génitaux mâles et femelles, ou qui ont des ovaires et une bite, qui ont des hormones proches d’un sexe et des chromosomes proches d’un autre… En vérité, mâle et femelle sont les deux pôles d’un spectre des sexes.

Et les personnes qui se trouvent à l’intérieur de ce spectre, on dit qu’elles sont « intersexe », même si certaines préfèrent parfois le terme androgyne. Oh, petite astuce, d’ailleurs : le terme hermaphrodite, c’est pour les hippocampes, les escargots… bref pour les animaux. Donc l’utiliser pour des êtres humains, c’est quand même un peu leur cracher au visage… autant éviter.

J’en suis bien conscient, l’intersexuation est minoritaire chez les humains. Pour les chiffres, j’ai trouvé entre 1 et 15 % de la population, en fait c’est un peu comme avec les manifestants et la police, j’arrive pas à savoir.

Mais pour aujourd’hui, ce qui m’intéresse, c’est qu’on reconnaisse le fait est que les personnes intersexes existent, que l’on respecte ce qu’elles sont et ce qu’elles veulent, et surtout que l’on admette que nos sexes ne sont pas binaires, mâle, femelle… mais que c’est tout un spectre de possibilités.

Car il y a un deuxième spectre dans nos êtres, et c’est celui du genre. Le genre, c’est ce que l’on est dans son for intérieur. Aux deux pôles on a homme, et femme, mais entre les deux, il y a tout un tas de possibilités.

Par exemple on a les personnes gender fluid, dont le genre évolue de manière fluide, qui peuvent tendre tantôt vers l’homme, tantôt vers la femme, ou les deux en même temps.

Il y a aussi les personnes agenre qui se vivent comme hors du spectre des genres. Car le genre est une identité, qui parfois est évidente, ou que l’on peut mettre du temps à saisir, à découvrir, surtout lorsque ça peut évoluer.

De ce côté-là moi je l’ai eu plutôt facile. Mon sexe biologique est mâle, et bon, OK, j’ai expérimenté avec mon expression de genre. J’ai porté des jupes, du make up, toussa… mais je sais que mon identité de genre, c’est homme.

Male, homme… Mon sexe et mon genre correspondent à notre culture binaire, je suis donc cis, ou une personne cis-genre.

À l’inverse, j’ai des amies dont le pénis était très visible à l’échographie, qu’un médecin a assigné garçons à la naissance, mais qui savent qu’elles sont des femmes. J’ai des potes qui sont des mecs bien que leurs chromosomes affichent un double XX.

Lorsque le sexe et le genre d’une personne ne correspondent pas à notre vision binaire, on dit que cette personne est trans, ou transgenre, parce que souvent, à cause de cette assignation à la naissance, ces personnes font une transition vers leur véritable identité de genre.

Et cette transition est propre à chaque individu. C’est à chacune et à chacun de découvrir son pronom, son prénom, les hormones, les démarches administratives, les opérations dont on veut ou on ne veut pas…

Donc oui, au cours de nos vies, on rencontrera forcément des hommes qui ont des vagins, des femmes qui ont des pénis, et toute une magnifique diversité d’êtres et de corps qui prouvent que nous ne sommes pas aussi binaires que le processeur de notre iphone.
Que ces personnes se trouvent dans le miroir ou en face de nous, je pense que le plus simple est de les écouter, d’être attentifs à comment elles se vivent, voire simplement de leur demander quand on sait pas quel pronom utiliser.

Il y a des personnes qui sont venues me voir pour me signifier que quand, dans CulPouhiou, j’associe un cunni aux femmes, ou une paire de couilles à un homme… ben ça leur faisait un peu mal, parce que du coup elles ont l’impression de pas exister.

Ça m’a rappelé toutes ces fois où j’ai souffert parce qu’à la télé ou à la radio, la seule vision du couple disponible était celle d’un couple hétérosexuel monogame.

Voilà pourquoi j’ai fait cette chronique. Pour qu’on se mette d’accord sur le fait d’ouvrir un peu nos manières de parler et de penser. C’est pas une question de morale, de devoir, de c’est bien, c’est mal, et tu culpabiliseras si jamais tu fautes. Non, ça fait beaucoup trop dogme religieux pour moi et ça j’y arrive pas.
Non, en fait, c’est juste une question de respect.

Respecter ces personnes qui sont là et qui existent, qui ne sont ni malades, ni une quantité négligeable. Mais aussi, respecter chacune et chacun d’entre vous en ne vous prenant pas pour un ordinateur borné à des un ou des zéros.

Alors la prochaine fois que quiconque, même moi, surtout moi… la prochaine fois qu’on s’adressera à vous comme à un fucking iphone, demandez simplement : hé, siri, mon cul, c’est du Pouhiou ?

 

Crédits et Licences

Un épisode chaque vendredi sur deux à 18h. Pour ne pas en louper un, pense à t’abonner.

Une vidéo réalisée et montée par Marlène Tajan.

Son :  Victor Toulouse.

Musique de fond: Drops of H2O CC-BY J.Lang.

Musique générique : LAL Eugène Lawn avec la voix de Dusport.

Dessins : CC-0 Kaweii

Cette vidéo est placée dans le domaine public vivant grâce à la licence CC-0.
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